L’agritourisme, (re)découvrir les leçons de la nature

English version here

Initiatives: Guimaras Wonder’s Farm (île de Guimaras) et May’s Garden (Bacolod)

Une petite pause à la ferme entre un bain dans des eaux turquoise et une découverte de la fabrication d’artisanats locaux ? Vous ne savez toujours pas d’où viennent les cacahuètes que vous mangez allègrement lors de l’apéritif, ou bien vous voulez tout savoir de la floraison des manguiers, de la culture d’avocats, du vermicompostage et des bienfaits de l’agriculture biologique? Plus que tout, vous voulez découvrir comment ce type d’agriculture que nous considérons comme « bobo » chez nous permet ici, aux Philippines, de sortir les fermiers de leur pauvreté et de leur dépendance aux pesticides et engrais grâce à des méthodes simples inspirées de la nature ? Nous avons parcouru ces derniers jours les îles de Guimaras et de Negros et avons rencontré une femme et un homme qui ont changé leur vie pour promouvoir une agriculture biologique respectueuse des hommes et de l’environnement.

Champs de manguiers bio, Guimaras

Elle, rêvait depuis son plus jeune âge de se tourner vers l’agriculture mais elle dût poursuivre des études de commerce pour subvenir aux besoins sa famille. Au moment de la retraite de son mari, chef pâtissier autrichien ayant travaillé pour de grands hôtels aux Philippines et en Asie, ils achètent un terrain vallonné de sept hectares à Guimaras et se lancent dans l’agriculture biologique, essentiellement la production de mangues. Lui, industriel chevronné, produisant des machines outils pour des entreprises minières et endetté jusqu’au coup lors de la crise asiatique fin des années 90, découvre le vermicompostage et développe un broyeur associé à une formation pour les fermiers qui est sur le point de révolutionner l’agriculture aux Philippines.

Le fameux broyeur, facilitant le compostage

Ils dédient tous deux leur nouvelle vie pour promouvoir l’agriculture biologique en faisant de leur ferme respective un centre de formation et un site de démonstration du succès de ce type d’agriculture. Professionnels et individuels viennent découvrir des méthodes naturelles pour se séparer de l’utilisation des engrais chimiques, indexés sur le prix du pétrole. A l’honneur, le vermicompostage où les déchets alimentaires et agricoles sont broyés, puis laissés pendant environ 2 semaines en fermentation puis digérés et rejetés par des vers de compost disponibles partout aux Philippines. Pour 1kg de ver, 1kg de « nourriture » est digéré et 600g de compost est créé qui peut être répandu sur les cultures. Comme aime nous le rappeler Ramon, ces vers, hermaphrodites, sont des travailleurs bénévoles, qui ne rechignent pas à la tâche, ne manifestent pas et se reproduisent à une allure de 30 fois leur nombre en 6 mois.

Bac à vermicompostage

Lors de la visite de la ferme de Guimaras  où manguiers côtoient plants d’aubergines, d’haricots, de citrouille ainsi que bœufs, porcs et poulets, Rose nous dévoile sa recette de pesticide/fongicide naturel : une mixture à base de bière, gin, ail, et gingembre fermentés puis dilué et répandus sur les manguiers et autres arbres et plants. De son côté, Ramon organise régulièrement des rencontres locales entre les différents bénéficiaires de ses produits pour échanger et apprendre des expériences des autres. L’histoire l’ayant marqué le plus est ce fermier entouré de champs utilisant des engrais chimiques. Ceux-ci se sont retrouvés infestés de rats mais le champ du fermier utilisant le vermicompost est resté épargné. La raison : le compost aurait apparemment une odeur semblable aux serpents, prédateur numéro un des rats.

Quelques produits de la Guimaras Wonder’s Farm

Le vermicompostage, la floraison de manguiers ou le temps de croissance des aubergines, ce n’est pas forcément notre tasse de thé. Mais se balader dans les fermes, découvrir à quoi ressemble le plant de cacahuètes (entre autres) et apprendre des histoires et anecdotes autour du développement de l’agriculture et des alternatives naturelles inspirés du bio-mimétisme, l’imitation de la nature, notamment le fait que chaque déchet est une ressource (visitez la ferme de Rose et vous aurez plein d’exemples), cela a éveillé notre curiosité.

Découvrir les expériences de ces deux individus, leur activités, comment ils ont changé leur vie et comment ils ont changé et changent celle d’autres fermiers (populations les plus pauvres aux Philippines) en les formant à l’agriculture biologique, leur offrant une opportunité d’augmenter leur revenu de manière conséquente tout en s’écartant de pratiques nocives pour l’environnement, leur santé et celle des consommateurs, ancrées dans les mentalités depuis plus de 50ans, cela vaut largement le détour, avant de retrouver les plages de sable blanc.

Le calamansi, petit citron philippin

Accueillir les visiteurs est venu par la suite. Ces deux entrepreneurs ne l’ont pas planifié, comme pour beaucoup d’initiatives que nous présentons dans ce blog. Comme nous, vous pouvez visiter la ferme de Rose à Guimaras et siroter un petit jus de fruits frais (Bio !). Vous pouvez également vous balader dans le May’s Garden de Ramon à Kalibo, apprendre son histoire, manger dans le restaurant, rester dormir dans une de ses chambres, ou faire du pédalo dans le  kitschissime cygne. L’enjeu est double: générer un revenu additionnel pour permettre de développer de nouveaux produits et faire de vous de futurs consommateurs de bio!

Une réponse à “L’agritourisme, (re)découvrir les leçons de la nature”

  1. Agrotourisme en France dit :

    On néglige trop souvent les vertus de l’agritourisme !

Laisser un commentaire